A chaque fois qu’on décroche son portable…
Dans un restaurant où nous sommes allés ce jour-là, un couple, assis à une table couverte de fleurs, a attiré mon attention, ce que j’ai supposé être une demande en mariage. Ce couple se promenait dans le restaurant en prenant des photos ou s’asseyait et faisait quelque chose avec leurs téléphones portables, et ces lignes de May me sont venues à l’esprit :
« Ce monde est un monde dans lequel le vrai contact individuel est très difficile et rare au milieu des moyens de communication avancés qui nous entourent de tous côtés… Notre destin actuel en tant qu’êtres humains, nous vivons dans un monde où le contact interpersonnel est presque destructeur… Nous passons nos vies parlant à un appareil d’enregistrement ; notre présence devient de plus en plus importante à mesure que de plus en plus de câbles de radio, de télévision et de téléphone se trouvent dans nos maisons. »
Vous pourriez également mentionner dans son livre qu' »une personne atteinte de schizophrénie est un produit de la personne technologique » qui existe dans le monde dans lequel vous vivez, qu’elle définit comme la schizophrénie.
Lorsque May a écrit ces lignes en 1969, le téléphone portable est entré dans la vie des gens il y a seulement 5 ans en Amérique et comptait 1,5 million d’utilisateurs. Selon les données de 2013, le nombre d’utilisateurs de téléphones mobiles dans le monde est de 6,8 milliards de personnes. Quelle tristesse si vous apprenez que 55% des jeunes d’aujourd’hui passent plus de 4 heures par jour sur leur téléphone portable ?
Que ce soit « schizophrène » ou non, je ne peux pas deviner ce que cela signifie exactement. Parce que nous savons tous maintenant que nous avons deux vies : 1) notre vraie vie 2) notre vie dans le monde virtuel. Nous avons deux vies, mais nous ne sommes qu’une seule. Cette situation nécessite un choix : soit vous êtes là-bas, soit ici. Je pense que cette solitude dont parle Mai commence lorsque nous préférons le monde virtuel à l’individu à côté de nous. La distance entre nous commence dans la vraie colonne vertébrale lorsque nous commençons à parler aux personnes virtuelles, pas à celles à côté de nous. C’est là que le silence commence… c’est là qu’ils commencent à être côte à côte mais à part… et c’est là qu’ils parlent de ce malentendu.
Par conséquent, on suppose qu’il sera nécessaire d’atteindre la stabilité souhaitée aujourd’hui, alors qu’il est impossible d’ignorer le monde virtuel. La stabilité, alors que dans le monde virtuel, n’oublie pas l’être aimé en face de nous… On ne rate pas le moment avec lequel on peut vivre… Rencontrer les yeux de la personne qu’on aime car on sera là… Peut-être n’oublions-nous pas le plaisir d’une gorgée de thé et le vent froid qui touche notre visage … la stabilité, même pour un moment, tout en en profitant. Peut-être tourne-t-on le dos au monde virtuel… Peut-être ne les préférons-nous pas à notre monde virtuel pendant que nous captons le plaisir du moment.
La vérité qu’il faut oublier, c’est qu’à chaque fois qu’on décroche le portable, même si c’est par hasard, on ne peut pas balancer et rater le moment où c’est… nous qui manquons à nos vies… ce sera encore nous !